Insensiblement la chambre s' éclaire d' une lumière solaire, encore sombre.
Elle ouvre les yeux, elle les referme. Elle dit: encore deux nuits payées, ça va finir. Elle sourit et de sa main elle caresse vos yeux. Elle se moque en dormant.
Vous continuez à parler, seul au monde comme vous le désirez. Vous dites que l' amour vous a toujours paru déplacé, que vous n' avez jamais compris, que vous avez toujours évité d' aimer, que vous vous êtes toujours voulu libre de ne pas aimer. Vous dites que vous êtes perdu. Vous dites que vous ne savez pas à quoi, dans quoi vous êtes perdu.
Elle n' écoute pas, elle dort.
Vous racontez l' histoire d' un enfant.
Le jour est venu aux fenêtres.
Elle ouvre les yeux, elle dit: Ne mentez pluz. Elle dit qu' elle espère ne jamais rien savoir de la façon dont vous, vous savez, rien au monde (...)
Elle dit: Le jour est venu, tout va commencer, sauf vous. Vous, vous ne commencez jamais.
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Marguerite Duras. La Maladie de La Mort. Paris: Les Éditions de Minuit, 2006, pp 49-51.
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